
Cachez moi ce sexe …
» Les premières images de l’homme,peintes sur les murs des cavernes, ont le sexe levé » . Voilà comment Georges Bataille commence Les larmes d’Eros, publié en 1961, l’un des livres les plus troublants de l’histoire de l’art.
Aux origines de l’histoire de l’art, le sexe est libre, sans tabou. Et pourtant, les siècles qui vont suivre vont s’efforcer de gommer ces représentations au titre qu’elles sont obscènes.
Courbet avec son Origine du monde, fait scandale au 19ème et continue aujourd’hui d’être censuré sur les réseaux sociaux.
Comment expliquer qu’à l’heure où il suffit d’un clic sur internet pour accéder aux films pornographiques les plus trash, il soit encore si choquant, voire interdit, de montrer un sexe dans les musées, à la télévision ou sur Facebook ? Des images violentes sont autorisées mais dès que le sexe dans sa représentation apparait, dans un pays qui a quand même une des démocraties les plus ouvertes de la planète, la censure est là pour vite fait renvoyer l’expéditeur, l’artiste ou le péquin lambda aux interdits : pas d’images, de mise en scène, de représentations à caractère sexuel !!!
Alors si on évoquait le sexe dans l’art sur ce blog où la censure n’a pas lieu d’être ? Mais surtout si on évoquait l’humour dans la représentation de la sexualité dans l’art ?
Remontons rapidement dans le temps :
A Pompéi on peut ainsi voir une mosaïque de Priape qu’on reconnait à son sexe pour le moins démesuré, en érection, qui s’enfuit en emportant avec lui le caducée et les sandales ailées de Mercure, Dieu des valeurs.

L’artiste Orlan nous propose une réponse toute féminine au tableau de Courbet que tout le monde a à l’esprit dès qu’ils s’agit de sexe dans la peinture : L’origine de la guerre. Le phallus y incarne la domination masculine, à l’origine des conflits que se livrent les peuples depuis la nuit des temps, mais aussi les violences faites au corps féminin et une réponse féministe à la guerre des sexes.

Paul Mac Carthy fait scandale en montrant un couple hétéro réduit à des parties génitales ( c’était déjà lui, le sapin en forme de plug anal installé en 2014 place Vendôme)

Jamie MacCartney après avoir construit un mur de moulages de vagins en 2008, crée le pendant masculin avec un panel tout aussi varié de phallus.


La femme fontaine d’Elsa Sahal présentée cet été à Nantes et qui d’ailleurs a été vandalisée en août, équivalent masculin du fameux Manneken-Pis de Bruxelles.

Et avant cela , Rembrandt avec La pisseuse, une » eau forte » 🙂 , n’était-il pas déjà dans une similitude de traitement de ce sujet ? Ou Picasso ?


Alors, elles ne sont pas un peu dépassées ces censures pour des oeuvres qui nous distraient de la morosité ambiante ?
Heureusement que l’art dépasse la morale, quitte à se la mettre à dos !

