Un peu de moi

« Cas contact » Rions…

Avant, c’est à dire il y a deux ou trois ans, on aimait ( je dis « on » mais certains non, en fait) les contacts humains. On aimait se parler dans le nez, aux creux des oreilles, de bouche à bouche, de bouche à oreille etc.

Aujourd’hui être en contact, relève du CAS, d’une dangerosité potentielle. On le soupire avec regret, angoisse, lassitude.  » Je suis cas contact  » devient une forme de maladie potentielle. On va « au contact  » des autres, un peu comme on partait à la guerre.

On en sortira positif ou négatif. Avant aussi d’ailleurs, le contact était positif  ou négatif mais on n’utilisait pas ces adjectifs. On avait un bon contact, un bon feeling. Aujourd’hui on ne peut être dans un bon truc quel qu’il soit après un contact rapproché de plus de dix minutes. Car oui, le contact est quantifiable et c’est même à ça qu’on reconnait sa potentielle dangerosité. Encore que, récemment, il apparaitrait que, à nouveau, il suffit de croiser une personne, sans même la regarder et hop tu vires « contact ». 

J’écris une personne mais je devrais écrire un CAS.

Pour en revenir au  » cas « , c’est assez juste que certains sont des cas, mais le sens diffère. Quand on disait  » c’est un cas « , il y avait dans l’expression quelque chose de l’ordre de l’admiration ou du rejet, un être à part, le cas social par exemple. Aujourd’hui, plus rien d’étonnant, être CAS relève d’une banalité affligeante. On est tous des CAS.

Au détail près qu’on est le CAS de quelqu’un.    .

Le plus amusant est qu’on ne sait pas qui nous a rendu « contact » , alors même qu’on voyait bien avant celles et ceux qui avaient été nos contacts. Là non pas toujours. Où est-on devenu « contact » ? Dans un couloir, dans la rue, dans le métro, le bus, au restau, au ciné …? C’est à dire qu’on est devenu un contact de n’importe qui, d’un parfait inconnu qu’on n’aura même pas touché, à peine croisé.  

Un con si ça se trouve qui sans aucun tact nous aura refilé un variant au nom bizarroïde.

On en sort positif pourtant, et là aussi ça devient assez sympa, car « positif » c’est la merde : il va falloir s’isoler de cette personne dont ne sait pas même qui elle est, de tous les autres cas et de surcroit, il va falloir lister, dénoncer donc, tous ceux qui, pour leur malheur, ont été en contact avec soi.

Appeler machin et machine avec qui on a bu un pot et c’était plutôt sympa ces retrouvailles pour leur dire qu’on leur a peut être refilé, en riant la bouche trop ouverte, une saloperie ; qu’on croyait leur raconter une blague et non, pas du tout, on était en train de préparer leur asphyxie sur un lit d’hopital, quinze jours plus tard.

Il est vrai que ça complique les relations. L’autre jour, j’ai conduit mon fils dans une maison médicale car il était peut être positif ( ce qui lui ressemble d’ailleurs, c’est une bonne nature), pour se faire tester. Etre négatif relevant d’une véritable chance, entrainant un soulagement. Bref. Avec cette angoisse de sa possible positivité, j’ai mis un double masque dans la voiture, ouvert les fenêtres et je lui ai défendu de prononcer un mot derrière son masque. Une folle donc. Je l’ai jeté hors de la voiture, lui que j’ai mis au monde il y a vingt ans avec soulagement ( les deux, à y réfléchir, avec soulagement : la naissance car enfin j’allais retrouver ma ligne et voir sa bobine et par ailleurs l’instant présent car enfin j’allais pouvoir respirer)

Et justement « respirer ». Toute une histoire aussi. Retenir son souffle on n’ose même plus le dire sous peine qu’on nous intube ou qu’on nous accuse d’un manque de solidarité.

Et en effet il était positif mais asymptomatique, c’est pour ça qu’il tirait une tête de dix pieds de long depuis quelque temps.

 Le positif asymptomatique est un dépressif qui n’ose pas dire son nom.

Il ravale sa joie comme on disait autrefois en attendant des jours meilleurs à savoir redevenir officiellement négatif. 

Et en attendant LE CAS contact devenu UN CAS sommé de s’isoler squatte les réseaux sociaux, dans sa chambre en pleurant. On comprend mieux pourquoi les réseaux sociaux ont pris depuis quelques années une telle ampleur. C’était un complot parce que tout ça était prévu d’avance pour augmenter la trésorerie de Marc Zuckerberg et de ses potes d’Harvard et de tous ceux qui ont pris la relève de cette manne. Ce sont eux les coupables de toute cette machinerie de dingues, ils avaient tout prévu et même cette histoire de pangolin, un animal dont personne n’avait entendu parler, qui n’existe que mort en fait dans l’assiette des chinois.

Mais oui, bien sûr, tout ça, c’est bête comme chou.

Et si vous voulez commander mon dernier livre  » Comme je t’imagine  » vous m’écrivez un petit mail à Mallie.dominique@orange.fr avec votre adresse postale, merci !

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