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Désirs : un viaggio chiamato amore (4)

On sort d’une histoire en entrant dans une autre, pense Anna en marchant au côté d’Antoine.

Les fenêtres en arrondi, quelques journaux sur une table. Les murs sont d’un vert bleuté, partout des photos de l’Afrique, dans cet hôtel Parisien. Ils sont entrés là comme on trouve refuge, à bout du silence entre eux, du désir aussi.
C’est Antoine qui a demandé une chambre. Il a mis sa main sur son cou dans l’ascenseur, il la tient comme ça avec ses doigts qui enserrent sa nuque. Là il sont devant le lit, ils s’embrassent. Anna s’étonne de cette bouche qui se fond dans la sienne.

Après il y a le désir, les vêtements épars sur le sol, les mains qui caressent, l’avidité de l’autre. Les mêmes gestes cent fois faits et pourtant différents.

La peau.

L’évidence, les mots qui se veulent définitifs, les corps qui s’emboitent.

C’est doux et violent à la fois.

Le temps s’étire, se dilue jusqu’à ne plus exister.

Ils n’ont pas diné, même pas éprouvé cette faim là. La nuit tombe. Il sont allongés l’un près de l’autre. Ils se racontent, se disent leur vie jusqu’à ce jour, cette nuit qui leur est commune. Deux trajectoires .

Antoine et Anna se sont quittés en fin de matinée. Ils se sont quittés sans se retourner, se sont tourné le dos pour repartir chacun dans sa vie, happé par sa vie.

Le bonheur peut être douloureux, pense Anna en s’éloignant. Elle prend le métro un peu au hasard, se retrouve devant Beaubourg à une terrasse et commande un café, non un déca plutôt, pardon, merci.

8 commentaires

  • cecile

    Un style qu’on sent travaillé et une histoire qui nous tient en haleine… et qui quelque part parle à chacun je pense . Vous savez tout en délicatesse trouver les mots . Hâte de savoir ce qui va leur arriver à ces deux là 🙂

  • Philippe

    Bonjour Dominique
    Comment dire oui peut-être Durassienne mais propre à toi cette finesse et précision de l’observation qui se résume dans tes mots…Pas un de trop…pas un qui ne manque….tout est juste et se déguste.
    Bravo encore et continue Dominique…pour toi pour notre plaisir assurément.
    Bises
    Philippe

  • sophie

    Je n’avais pas mis le nez dans votre blog depuis le début de mes vacances ( en Norvège ) , petit bijou que cette nouvelle dont on a hâte bien sûr de connaitre la suite mais peut être pas la fin … votre écriture s’allège Dominique, je l’ai remarqué depuis quelque temps, il y a quelque chose de Durassien dans votre style …. A demain pour la suite !

    • Dominique

      Hello Sophie, la Norvège, je ne connais pas, j’aimerais visiter … L’écriture, la mienne, s’allège en effet , de la phrase vers le mot. Vous êtes fine observatrice, je sens que vous me lisez depuis longtemps 🙂 Très flattée de cette comparaison avec Duras, que je place au dessus de tous les écrivains pour le style, reconnaissable entre mille !

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