Un peu de moi

Eloge de la fugue

Parfois on n’aurait qu’une envie : se mettre dans un trou de souris et que tout le monde nous oublie mais à l’inverse il existe cette possibilité, plutôt que se terrer, de se faire une parenthèse enchantée, une respiration supplémentaire, de retrouver des plaisirs simples et oubliés.

L’esprit de l’enfance, l’école buissonnière,  les libertés provisoires au rythme d’une fugue de Bach.

Retrouver une forme de liberté, d’insouciance, décrocher de tout et tout le monde, fuir la médiocrité, les nouvelles plombantes, les soucis divers, les problèmes de toutes sortes.

Décrocher du quotidien.

Vivre quelques jours ou plus longtemps dans une parenthèse qui extrait du monde, bien calé sur la première parenthèse et les pieds sur l’autre.

Se regarder le nombril et ouvrir dans le même temps les yeux sur le monde, fuir la médiocrité, échapper à la colère, celle sourde qui nous envahit parfois devant la bêtise ou l’injustice, la méchanceté gratuite, les enfantillages grotesques des adultes.

S’abstenir de se projeter dans un avenir trop compliqué  pour daigner qu’on s’y intéresse, retenir du passé ce qu’il a de joli. Surtout ne pas profiter de l’échappée pour faire le point.

La fugue  qui a le goût délicieux de l’interdit, celui de la porte fermée qu’on nous a sommé de ne pas ouvrir, celui d’un ailleurs qui reste à définir, qui se définira peut être peu à peu dans le cheminement de la fugue.

Car la fugue est un chemin : intérieur parfois mais plus intéressant, à mon sens, ouvert sur le monde. Partir sans savoir où l’on va, s’en remettre à l’inconnu, se laisser porter par le hasard, tourner à droite plutôt qu’à gauche, prendre un train en décidant que ce sera le troisième sur le tableau d’affichage, là, à la gare TGV et peu importe où il va ce train.

La fugue est affaire de solitaire. Mais on peut fuir à deux. J’ai connu autrefois un homme qui me racontait avoir fui, comme ça, quelques jours, avec la femme qu’il aimait, une amoureuse et non sa femme, s’être retrouvés tous deux dans un hôtel loin de tout, avoir passé les jours enfermés dans la chambre, dans un univers recréé pour et par eux deux.

Une escapade de funambule solitaire ou non.  

Voilà qui me séduit

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