
Et demain ? Pensées du soir…
Mon premier livre est réédité. Pour le commander je vous ai expliqué dans le billet précédent comment faire .
https://www.lesbilletsdemadame.com/voyage-en-menopausamie-senvole-vers-vous/
Le second est fini, la mise en page est faite, le titre en est Comme je t’imagine . Un livre à propos des hommes. On ne peut pas raconter un livre qui s’est fini.
Je ne peux pas. Me relire même est insupportable, je l’ai tant fait que maintenant tout ça ne m’appartient plus. Je le lirai à travers vos yeux, dans vos commentaires.
J’ai mené à bien ce projet, comme j’avais souhaité le faire : le terminer avant la fin du mois d’avril. Le contexte des dernières pages, je ne pouvais pas l’imaginer, cette vie de recluse.
Bien sûr.
Le troisième je sais ce dont il va parler, il est en gestation, c’est bien la seule chose qui couve en moi d’ailleurs, puissante je veux dire. Il ne concernera pas ce que nous venons de traverser.
Il est difficile d’écrire quand on est enfermé. Flaubert disait le contraire et bien d’autres encore parlaient de cette nécessité de l’isolement, oui, mais entre, il faut marcher, sortir, pour que tout descende en soi et que cesse le tourbillon des idées, des phrases et des mots.
J’ai lu il y a quelques jours une lettre que Houellebecq donnait à lire sur une radio. J’ai détesté cet écrivain au début de ses parutions et puis je l’ai adoré. Il me semble qu’il y a des gens comme ça pour qui il est impossible de ressentir quelque chose de tiède. Ou alors ça m’est propre. Je ne sais pas. Ces extrêmes.
Il parle de Flaubert justement et de Nietzsche entre autre à cause du confinement. C’est l’idée qui lui vient que finalement pour un écrivain, le confinement pourrait être une aubaine ou tout du moins ne pas changer grand chose à son mode de vie habituel. Et bien non, il manque la déambulation entre les moments de l’écriture et entre Flaubert et Nietzsche, c’est le philosophe qui a raison avec cette nécessité vitale de la marche qu’il met en avant.
Je me suis demandée comment Houellebecq avait pu penser à deux hommes que tout oppose dans cet exemple qu’il fait sien pour illustrer son propos.
Et de là, comment elles nous viennent à l’esprit toutes ces idées qui s’enchainent et peuplent nos pensées les jours et les nuits presque.
Et puis aussi si le monde allait être meilleur après, si on allait vivre mieux les uns avec les autres, se poser des questions, des vraies questions ou continuer son bonhomme de chemin dans une société qui déjà isolait les gens les uns des autres avec tous ces modes de communication à distance.
Est-ce que se parler avec un masque ça n’est pas finalement un peu comme avant ? Sauf que là le masque sera bien visible. Est-ce que finalement la distanciation n’est pas déjà là depuis belle lurette, invisible mais pourtant perceptible ?
La peur qu’ont fait naitre les médias continuera-t’elle à exister ? Tous ces morts qui sont venus s’additionner aux morts » habituels « , ces chiffres qu’on ignorait et à quoi bon les savoir ? Tout ce vocabulaire médical, ces trains qui partaient et qui renvoyaient dans les mémoires à d’autres trains vers la mort, ces discours de scientifiques, ces supputations, ces complots possibles, ces virus échappés des laboratoires top secrets qui ne l’étaient plus pour personne, ces montagnes d’euros distribués à droite et à gauche, ce choix cornélien entre laisser la vie à un tel plutôt qu’à un tel, ces divagations sur l’âge où il est de convenance de mourir, où il y aurait là une forme de sélection naturelle, le dysfonctionnement des hôpitaux enfin compréhensible, toute cette agitation traduite par les médias, assénée minute après minute jusqu’à ce que l’esprit dégorge… finalement tout ça, c’est pas une mise en scène de nos peurs intrinsèques ? Un étalage d’un monde qu’on ne voulait ou ne pouvait, imaginer ? Voir ?
De la science fiction, sans la fiction? De la science fiction, sans la science ?
Toutes ces discussions des uns et des autres, ces avis péremptoires sur les modes de transmission, tous ces gens qui se sont mutés en scientifiques de pacotille pour se faire entendre, c’est cela la communication aujourd’hui ? Une volonté de montrer qu’on sait mieux, de donner des leçons à tout le monde, de s’ériger pour se faire valoir ? Une interrogation sur le sens du » savoir « .
Un constat au final que savoir c’est surtout reconnaitre qu’on ne sait rien.
Ces enfants et ces ados auxquels on ouvre à nouveau l’école parce qu’il faut donner l’illusion qu’on peut éviter le décrochage scolaire, et dans le même temps faire vivre aux enseignants la peur, la gestion des classes, de l’espace de la classe pour préserver chacun, et tout cela au nom de la mission de l’école qui faillit déjà depuis des lustres ? Une énième mascarade ?
A qui, dans le monde tel qu’il nous apparait depuis, allons nous tendre la main sans gants et sourire sans masques ?
Personne, au fond de soi, n’est dupe.
Le monde sortira pire.
Dominique Mallié
Et pour commander Voyage en Ménopausamie, chroniques de la cinquantaine débridée, c’est par là : Mallie.dominique@orange.fr ou via le blog dans la partie » Message personnel » qui vous est dédiée 🙂

