Un peu de moi

Là d’où je viens …

A Mémé …

En cours, en seconde j’aborde le Réalisme puis le Naturalisme et rapidement on arrive aux thèses de Darwin sur le déterminisme. J’explique alors à mes élèves que nous sommes tous déterminés par tout un tas d’éléments : nos parents ( et j’en vois là qui commencent à faire la tête et je lis dans les pensées que les parents, parfois, c’est la loose totale et il va falloir se trimbaler ça toute son existence … ? ) nos familles globalement ( re-tête ), nos pays d’origine, les climats sous lesquels nous sommes nés, le milieu social, culturel, socio-culturel ( par exemple chez certains parents il n’y a pas de livres. Qui n’a pas de livres chez lui ( elle ), levez le doigt ? … heu, beaucoup ) etc…
Bref, on peut dire que si on est ce qu’on est ce n’est pas le fruit du hasard ou plutôt c’est le fruit de tous ces hasards, mis bout à bout. C’est ce que je leur dis. Ils sont là pour apprendre, ils ont leurs examens, mais ils ont aussi la vie à apprendre. Modestement, j’apporte ma pierre à tous ces édifices. Ils prennent, ils gardent ce qu’ils veulent, peuvent.
Et justement . Je suis à l’âge où on se  » réconcilie  » avec ses origines.
Et justement, à présent, je suis fière de là d’où je viens.
Avant, j’étais une petite fille, il y a longtemps, il fallait passer des journées chez ma grand-mère maternelle. Elle faisait des raviolis .
Tout : la pâte, de grandes bandes, elle découpait les bandes, puis les rectangles, elle les garnissait un à un. Elle était ravie de nous donner son plat pour le déjeuner. On ne disait pas  » déjeuner  » d’ailleurs dans cette famille de ma mère,comme dans celle de mon père, on disait toujours  » diner « .  » Allez, viens diner, pose ton livre !  » Il fallait choisir, lire ou diner. Pareil chez mes parents.
Je détestais les raviolis, ils me collaient au palais, j’avais envie de vomir, je devenais pâle, il fallait que je sorte de table vite fait.
C’était la honte.
Maintenant, je crois que je me forcerais si c’était à refaire.
Je ne comprenais pas ce qu’elle disait, pareil pour mes autres grands parents. Une sorte de patois, mi italien, mi français. Mais toujours, elle avait le sourire, Domenica, et les cheveux bien rangés derrière les oreilles : deux peignes, des cheveux gris. Je l’ai toujours connue avec les cheveux gris. Des lunettes avec une monture argentée. Des  » culs de bouteilles « . Je pensais ça.
Pour moi, elle a toujours été une vieille dame. Elle avait eu, très jeune, la polio. Il lui restait un claudiquement assez prononcé et j’entends encore sa pantoufle qui frottait sur le sol, avec cette jambe qui était plus courte.
Elle est morte il y a fort longtemps, j’étais une jeune fille. Je voyageais beaucoup à l’époque, je n’ai pas pu aller à son enterrement. Je le regrette ça aussi. Mais les souvenirs sont tous là, étonnamment très présents.
Parfois je dis que j’ai pas de regrets, si j’ai ceux là : les raviolis et d’avoir raté l’enterrement.
On allait avec mes cousins et mes cousines courir sur le chemin en bas de la maison de ma grand-mère, que j’appelais  » Mémé  » et pas  » Mamie  » ; on revenait tout gris, de l’ardoise partout, de la poussière de l’ardoise. C’est comme ça la Maurienne, c’est gris et noir.
Un jour, il y a eu l’autoroute juste sous les fenêtres de Mémé. Elle était contente, ça lui faisait une occupation de regarder passer les camions qui filaient vers l’Italie.
Le temps passait comme ça.
Pendant les vacances, beaucoup plus tard, j’avais organisé un voyage en Italie, avec mes fils, dans le village d’origine de ma grand-mère. On a cherché la tombe des parents de ma grand-mère. On l’a trouvée. J’étais très émue. Les enfants, non, ils avaient chaud, soif, ils n’étaient pas encore à l’âge où on a ce désir de se coltiner à ses racines.
Après le cimetière, on est allés chez un oncle, une sorte de cousin de ma grand-mère. On a bu de l’alcool, du chianti peut être, je ne me souviens pas bien, c’était le matin, dans la cuisine. Avec la femme du cousin debout à côté. Les femmes ne s’assoient pas à table dans ces villages. Toujours prêtes à faire quelque chose. Le service.
Il y avait eu avant la vie difficile d’élever 5 enfants, toute seule, sans travail, faire des ménages à droite et à gauche, se serrer la ceinture. Toute sa vie à elle, Domenica,  » dimanche  » en italien. Mon grand-père était mort très jeune. Rentré un jour du travail, maçon comme la plupart des italiens alors. Une journée à talocher un mur en plein cagnard. Le soir, le coeur a lâché. Je ne l’ai pas connu. Il n’a connu aucun de ses petits enfants.
Je me demande aujourd’hui ce qui reste de ma grand-mère en moi. Quelle trace ? En quoi continue-t’elle à vivre au fond de moi, participe-t’elle à la femme que je suis devenue, la mère que je suis ? Une forme de simplicité peut être, une capacité aux plaisirs de la vie aussi petits soient-ils, un courage aussi devant les difficultés de la vie, une forme de résilience, une solidité, je ne sais pas.
Je sais que j’avais envie de parler d’elle sur ce blog qui est comme une mise en miroir de qui je suis.
Le déterminisme.

Et vous, d’où venez-vous ?

29 commentaires

  • Catherine

    Grâce à tes écrits, nous découvrons plein d’histoires tristes et gaies, toujours belles à découvrir.
    Je suis issue de 2 familles, l »une paysanne paternelle et l’autre ouvrière, celle de ma mère. La paysanne, petit propriétaire terrien de la Charente limousine, et l’autre ouvrière communiste à Paris.

    Ma grand-mère paternelle que j’appelais Mémé, savait tuer les lapins et les poulets, évidemment je disais berk mais ne refusais pas mon assiette, elle cuisinait bien Mémé. J’ai passé mes étés dans cette campagne. A à la mort de mon grand-père avant ma naissance, alors qu’elle avait 40 ans, ne pouvant s’occuper de la ferme avec ses fils, elle est allée « servir » chez les notable d’Angoulême et de Limoges. Femme forte et intelligente, pleine de vie (j’ai hérité d’elle sa force et sa joie de vivre) elle adorait nous écrire de longues lettres, relatant des anecdotes agricoles et amusantes, alors qu’elle avait été à l’école en primaire en pointillé. Ma Mémé est montée à Paris quand ma fille est née pour m’aider, car j’avais une relation privilégiée avec elle. Lorsqu’elle avait pris sa retraite, elle était retournée dans son village et s’était inscrite au Club, comme elle disait. Elle partait en voyage en emportant une collection de culottes pour se changer, car elle faisait régulièrement pipi de rire lors des excursions… 5 enfants, ça abime le périnée … Bref, elle n’était pas triste !
    Mon autre grand-mère que j’appelais aussi Mémé, était une petite femme douce et tranquille, ouvrière en maroquinerie, que j’adorais écouter, car elle parlait comme Arletty. La parisienne gouailleuse, coquette et modeste, se faisait les mises en pli seule, m’accueillait pendant les vacances de février et Pâques à Paris, dans son tout petit logement dans le 14e, sans salle de bains et les toilettes sur le palier, pour me payer des toiles et m’emmener dans les musées de Paris. Il y avait peu de livres mais beaucoup de romans photos elle parlait du front populaire et des privations de la 2e guerres ; 2 mondes qui ont bercé mon enfance, pleine de tendresse, de petites histoires dans l’Histoire, des femmes courageuses et pleine de bon sens, restées veuves et qui ont dépassé les 90 ans. Elles étaient très importantes pour moi et me manquent … j’ai eu une double enfance, comme dirait Maxime Leforestier.

    • Dominique

      Merci Catherine que c’est beau à lire ces histoires de tes grand parents et touchant. En effet, le peu que je te connais, depuis le temps que nous échangeons au travers des réseaux sociaux et de nos rapides rencontres dans le réel, je te vois comme une sorte de mélange de ces femmes. Elles étaient fortes, ces femmes, parfois veuves si jeunes, qui continuaient d’arrache-pied leur vie avec des convictions. Bien dans le réel. Tournées vers les autres. Aujourd’hui on a plus de temps, on ne le prend pas assez, toujours à courir derrière lui, pour nos familles, de l’attention pour nos enfants eux-mêmes pris dans la tourmente de la vie, les soucis matériels, les choix à faire. On acceptait bon an, mal an son sort à l’époque et on avançait. Je mesure à travers tous ces commentaires, le plaisir que nous avons à raconter nos grands parents ou nos parents, que vous avez. Il y avait une simplicité de l’existence qu’on a perdue et c’est bien dommage. J’en prends conscience à présent et à vous lire, ça me donne le désir de passer plus de temps avec mes enfants et ma petite fille. Merci Catherine, pour ce beau témoignage

  • Sophie

    Alors voilà j’ai un peu de temps à vous consacrer et aux  » Billets de Madame  » 🙂
    Je suis née dans une famille d’artistes, ma mère peignait et peint toujours, mon père était sculpteur. Mes grands parents des deux côtés également des artistes. Chez nous, à la maison, il y avait toujours comme un grain de folie. Pas d’heures pour les repas, les toiles de ma mère investissaient tout l’appartement, l’atelier de mon père était, lui, à l’extérieur. J’avais une petite chambre un peu préservée de l’agitation, une sorte d’hystérie de ma mère quand elle ratait ce qu’elle voulait peindre, ses pleurs, ses sourires, ses peurs aussi. J’étais une enfant timide et réservée, une manière de protection devant l’agitation familiale. Tous les gens qui passaient, qui restaient tard dans la nuit. Ma mère avait des idées particulières sur l’éducation, ou plutôt aucune idée. J’ai toujours eu cette impression d’être de trop dans un milieu créatif. Comme à contre sens j’ai fait des études de médecine. Il me fallait montrer aussi que je pouvais réussir, gagner ma vie, m’investir dans mon travail auprès de mes patients. Je pense souvent à Duras et à cette phrase à propos de sa mère, je ne m’en souviens plus exactement donc en substance, lorsqu’elle dit qu’elle a eu de la chance d’avoir une mère folle. La mienne n’était pas  » folle  » mais uniquement tournée vers ses tableaux. Il me reste de tout ça, à contrario, une certaine rigidité avec mes enfants, une présence forte et bien sûr le goût pour l’art. Je peux dire aujourd’hui que j’aime mes parents, que j’ai aimé finalement qu’ils me laissent aussi libre, que très tôt j’ai pu participer aux conversations d’adultes, que j’ai grandi contre eux certes mais finalement je me suis réalisée et je suis en paix avec mon histoire. Beau texte Dominique, plein de pudeur et d’amour que vous nous livrez … Un beau dimanche à vous !

    • Dominique

      Merci Sophie pour cet émouvant récit. On a pas les parents qu’on aimerait avoir parfois . Il m’arrivait de trouver mes parents « has been  » , de souffrir de ne pouvoir avoir aucune conversation sur ce qui me passionnait mais au final ils m’ont donné une assise solide, la valeur des choses et des sentiments, des principes de vie. Je comprends combien ça peut être déroutant de grandir dans un milieu artistique et dans le même temps, ça me fait rêver. Mais c’est aussi le milieu dans lequel j’ai fait grandir mes enfants qui, au moins pour les deux grands, ont des métiers artistiques; Plus compliqué pour le dernier de trouver sa voie. A une époque où il fallait un métier sérieux : être médecin, prof… vous n’aviez pas cette sorte de pression, il me semble quand même que c’est une chance que de se sentir libre de son avenir. Ma mère me disait et dit encore à propos de mon fils ainé qui est musicien professionnel :  » Mais il va faire quoi comme métier ?  » .. pour eux, pour ces gens qui ne s’intéressent pas à l’art, ce ne peut être qu’un passe-temps, rien de sérieux…et pourtant ! Bon dimanche également !

  • catherinesentimots

    Mes grands mères ont énormément compté pour moi. Très différentes l’une de l’autre, l’une bourgeoise et l’autre ouvrière, elles m’ont montré le chemin de l’indépendance et le goût des choses bien faites, le respect de soi même aussi et l’art de se débrouiller même face aux imprévus ou aux difficultés. Une forme de force tranquille et chacune un sens de l’humour pétillant. L’une est morte quand j’étais encore une enfant, l’autre m’a vue commencer ma vie de femme, de mère… elle détestait perdre aux jeux, autant avec son arrière petite fille qu’avec moi plus tôt, elle pouvait être terriblement de mauvaise foi ! C’est son mari, mon grand-père qui a suscité mon goût pour l’histoire…il racontait si bien,la Grande comme les petites.

    • Dominique

      Merci Catherine, vous avez eu de la chance d’avoir un grand père passionné d’histoire, il se passe tant de choses dans ces histoires vraies ou fictives qu’on nous racontait. Je n’ai pas connu ça, je lisais seule . Je n’ai pas connu non plus maintenant que j’y songe tous ces bisous qu’on fait à nos enfants; Mes parents m’embrassaient quand je partais en colo, longtemps donc, jamais autrement. L’affection ne se montrait pas.

  • Virginie

    J’ai adoré ce récit Dominique. Je retrouve chez vous une manière de raconter de Annie Ernaux; une histoire de vie un peu similaire d’ailleurs. Pour ma part, j’ai le souvenir de mon grand-père qui était instituteur dans un village du centre de la France, proche de Clermont et j’adorais aller dans sa classe quand j’étais enfant, l’été. Il y avait l’odeur de la classe, que vous avez peut être connue, de l’encre dans les encriers . Je m’asseyais et il faisait comme si j’étais une de ses élèves, il me demandait de quoi je voulais qu’il parle, nous jouions à l’école en plein mois d’aout. Il me donnait des images, des bons points; le dimanche, nous allions pique niquer tous les deux à la rivière. Ma grand-mère était maire du village et elle avait toujours des réunions, des kermesses, nous passions des moments délicieux. Mes parents me laissaient un mois en général chez eux, les parents de mon père. Cela fait trois ans qu’il a disparu mais comme vous le laissez entendre, nous sommes riches de ces moments et de l’histoire de ces générations. Merci pour tous vos écrits , bon dimanche à vous !

    • Dominique

      Merci Virginie, vous m’amenez dans une autre direction, celle que les écrivains,nos lectures laissent en nous, difficile à évaluer 🙂 j’ai beaucoup lu A. Ernaux autrefois, tout d’ailleurs je crois d’elle et plus rien depuis quelques années;
      J’imagine sans peine vos joies d’enfant de vous retrouver seule dans une classe surtout lorsqu’on se souvient comment elles étaient alors, les odeurs surtout auxquelles faisaient référence une autre lectrice il y a peu. Doux souvenirs…

  • Marie Jeanne

    Merci Dominique pour ce récit plein d’émotions et de souvenirs d’enfance que tu racontes avec nostalgie peut-être…..
    Du côté maternel, ma Maman est allemande et les grand-mère sont nommées Oma qui nous a quitté à 100 ans !!! Une femme douce et aimante avec un mari professeur de latin et français que nous appelions Opa, homme de lettres. La vie familiale en Allemagne est très différente de la France, nous y allions min deux fois par an et j’ai de très bons souvenirs. Côté paternel, famille bourgeoise, pour nous c’était Grand-Père et Grand-Mère. Je regrette que mon Grand-Père soit parti trop tôt ( j’avais 10 ans ) car j’avais une grande complicité avec lui, il était très aimant, il m’emmenait à la fête foraine, j’adorais çà. Ma Grand-Mère était une femme forte, qui dirigeait, sévère mais aimante à sa façon, elle s’intéressait à la politique, à la bourse, pas le genre tricot, LOL, elle ne cuisinait pas car elle avait une employée de maison et allait chez le coiffeur toutes les semaines, elle ne se lavait pas les cheveux toute seule !! Elle s’est occupée de moi après ma naissance car Maman a eu une pleurésie et j’étais comme son 4ème enfant. Tout les dimanches on mangeait chez eux et après nous allions en forêt nous promener en famille. Ma Grand-Mère est partie à 100 ans elle aussi… Vais-je hériter de cette longévité ???? En tout cas à cet âge elles avaient toute leur tête et encore bien alertes….Une nuit elles se sont endormies…….

    • Dominique

      J’ai quelques affinités avec votre grand-mère car je ne me lave jamais les cheveux moi même. Elles étaient fortes ces femmes dans une société qui ne leur faisait pas de cadeau. Je retrouve dans votre commentaire le livre de Marcel Rufot  » Grand parents,à vous de jouer  » et toutes les interrogations que j’ai eues quand ma petite fille est née, ce que j’allais pouvoir partager avec elle. Hélas, la distance fait que je partage assez peu, c’est vraiment dommage. Nos grands-parents étaient vraiment avec nous quand on nous laissait à garder, il n’y avait pas tout ce qui pollue aujourd’hui les relations, le téléphone, la télévision à outrance etc… je suis souvent aller en Allemagne, étudiante, et ai vêcu un an en Autriche : Oma et Opa me sont familiers … Beau dimanche !

  • Pierre

    Dans ma famille nous sommes tous avocats de père en fils. Mon père l’était, mon grand-père avant lui. Avant les arrière-grands parents, côté paternel, étaient agriculteurs en Bourgogne.( vous remarquez comme naturellement suivant si on est un homme ou une femme on s’inscrit plutôt dans une lignée paternelle ou maternelle ? ) . Je ne voulais pas faire d’étude de droit, je n’avais pas envie de ressembler à mon père. L’éducation qu’il m’a donné était dure, ça n’était pas une génération où on tenait compte de la psychologie des enfants. J’ai pris la tangente un temps, pour faire les beaux arts, mais il m’a coupé les vivres et force était de rentrer et prendre le chemin de la fac de droit. J’allais en revanche volontiers chez mon grand-père, mes grands-parents paternels. J’ai retrouvé en lisant Proust des ambiances similaires : le thé de 17 h, les intérieurs feutrés. Mais une distance dans les rapports de la famille que vous n’avez sans doute pas connue Dominique. Les familles bourgeoises sont peu chaleureuses, je ne crois pas prendre trop de risque en généralisant. Je n’ai par exemple aucun souvenir d’une tendresse vers l’enfant que j’étais, qu’il s’agisse de mes parents ou mes grands-parents d’ailleurs. Voilà, vous avez rédigé là un texte qui donne envie de parler de soi, je vous en remercie, et pour votre style qui touche en sus des mots toujours bien choisis. Grand plaisir de la lecture.

    • Dominique

      Merci Pierre, aujourd’hui on est beaucoup plus à l’écoute de nos enfants, de leurs chemins. La psychanalyse est passée par là,nous avons souvent aussi fait des thérapies et ne cherchons plus à régler des comptes personnels avec nos enfants. Enfin, il me semble. Non, je n’ai pas connu de rapports distanciés, nous n’avions pas de réelles conversations avec mes parents ou mes grands parents, donc les questions étaient vite écartées : l’école, les amis et puis après, c’était les activités communes. Mais je ne suis pas issue d’un milieu où on lisait, les livres ont été un refuge de fille unique; je me fabriquais des amis qui étaient des personnages fictifs; Merci pour tous ces compliments qui me touchent

  • Carole

    Vous avez écrit là quelque chose empli d’émotions Dominique et c’est un réel plaisir de vous lire. Je n’ai pas cette chance de pouvoir raconter mes origines,mon histoire de famille car ma mère m’a abandonnée à la naissance, je suis née sous X comme on dit. Je n’ai que l’histoire de mes parents adoptifs, la mienne, elle restera mystérieuse car je ne veux pas aller vers elle, même si, en vous lisant, je ressens ce manque, un peu comme si jamais je n’avais eu un véritable toit. C’est un peu douloureux parfois. Merci de coucher tous ces mots et de tisser avec autant d’amour ces liens.

    • Dominique

      Merci Carole pour votre commentaire . Oui, je pense que ce doit être quelque chose de très particulier que ce trou béant de ses origines et comprends qu’on puisse aussi ne pas avoir ce désir de chercher à savoir, de se protéger de ça . C’est certainement un grand pas personnel que de le dire aussi ouvertement. Merci encore

  • Sophie

    Quelle façon émouvante de raconter l’histoire de votre  » mémé  » et par delà, la vôtre; comme c’est juste qu’à un moment de sa vie on éprouve ce besoin de renouer avec ses origines. Je prendrai le temps de l’écriture les jours qui viennent pour, en écho à votre récit, raconter la mienne d’histoire, ce qui me constitue comme vous le dites justement. Magnifique texte. Merci Dominique

  • christine Z.collin

    mes deux grands mères étaient des femmes de caractère ,qui géraient et dirigeaient l’une sa ferme ,l’autre son épicerie puis une petite ,toute petite agence banquaire..même si elles les ont bien soignés sur le tard ,des maris choisis plus pour leur esthétique que pour leur courage..très modernes en fait…et qui m’ont encouragée à étudier et surtout à ne pas me marier..;et bien sûr ,je me suis mariée très jeune et remariée etc..mais comme elles j’ai entrepris et gère avec un certain succès une entreprise qui emploie 20 personnes..je m’identifie plus à mes grands mères qu’à mes parents…

    • Dominique

      Merci Christine, c’est à la fois émouvant et passionnant de voir à quel point nos histoires familiales sont profondément en nous, combien on s’inscrit dans une lignée et parfois contre en effet… Vous m’avez fait sourire avec ces mariages et remariages, je vous connais un peu finalement. Merveille des réseaux sociaux qui créent un lien tellement humain quand on les utilise à cette fin. Des battantes d’un autre genre que la mienne de grand-mère, dans votre famille, comme ce que je perçois de vous çà et là !

    • Elisabeth

      Très émouvant, ce récit, Dominique. Ma grand-mère maternelle était espagnole. Je l’appelais Mémé aussi… Lorsqu’elle est décédée, je me suis posée toutes ces questions sur ce qu’il y a d’elle en moi, et tout ce qu’elle m’a légué, un héritage immatériel et qui pourtant se concrétise en moi, et fait une grande partie de ce que je suis: la passion de l’Espagne, de la langue espagnole, des souvenirs d’enfance inoubliables, des moments forts, le goût de l’indépendance, et tant d’autres choses, que je pensais disparues avec elle, et qui sont toujours là… Aujourd’hui, ma mère m’a dit quelque chose, et ton texte, d’une certaine façon, sonne comme un écho… Merci pour ce partage, Dominique. ❤️

      • Aurélia Wlk

        Flûte …. J ai répondu sous le commentaire de dame Elisabeth .. Rires … Désolée mon commentaire s adresse bien à toi Dominique .

      • Dominique

        Je suis touchée Elisabeth que ce récit ait fait écho en toi. Tu as pour l’Espagne, le goût que j’ai pour l’Italie. Quand j’y vais, j’ai toujours l’impression de rentrer chez moi. Je me suis même imaginée y finir ma vie, dans une petite maison de Toscane, je serai une vieille dame toute de noir vêtue qui regardera, les mains sagement posées sur les genoux, les gens passer. Il y a quelque chose de latin aussi dans nos façons d’être, de ressentir, de vivre les relations aux autres, je le vis souvent. Ma mère m’a donné ses fous rires, et nous rions souvent au téléphone quand je la vois, des mêmes choses. L’humour familial est aussi un marqueur fort . Un beau dimanche Elisabeth.

          • Dominique

            ah oui, moi pareil, ma grand mère maternelle avait tout un tas de mots qui n’appartenaient qu’à elle, mélange d’italien et de français mal compris. Mes enfants à qui je les ai transmis en rigolent 🙂

    • Aurélia Wlk

      Côté maternel, des grands parents ouvriers agricoles dont je ne comprenais ni la langue ( le patois du Nord , le tristement célèbre chti) ni les mœurs ( jeter les coquilles de moules dehors pour faire des cailloux dans l allée , le calendrier veedol dans les toilettes avec des femmes nues et surtout vulgaires , les rires gras et bruyants ) …. Mais un arche de Noé : ils venaient de la ddass alors ils ont fait non seulement 7 enfants mais ils ont été famille d accueil aussi …. Il y avait plein de monde dans cette petite maison …. Et mamie recueillait aussi tous les chats errants , perdus , nés dans la rue ….. Voilà d ou je viens quand finalement je me dis que j habite chez mes chats 😉…..

      Du côté paternel , des émigrés polonais : lui rustre à souhait mais l esthétique beauté slave , elle … Elle pouvait passer du rire aux larmes sur une toute petite heure : l âme slave …… Je ne comprenais pas leur langage non plus ( un mix de polonais , d allemand , et de patois français ) ni leur mœurs : la femme mange seule a la cuisine et sert à table comme une Boniche quand la famille est réunie ….. Papi élevait des lapins pour les manger et piegait son potager pour que les chats ne fassent pas de dégâts dedans ….. Autant dire que j ai vu des scènes particulièrement choquantes pour une enfant …. A ne plus manger de viande et a essayer désespérément de sauver des chats …
      Mamie etait fine et douce , orthodoxe et folle de beau linge ( les draps qu elle brodait à ses initiales , les mouchoirs en dentelle … )
      Un jour elle etait par terre quand nous sommes arrivés … Je devais avoir 7 ou 8 ans …. Mon père l a prise dans ses bras , il est allé l asseoir , il l a recoiffé comme il a pu , elle a repris ses esprits doucement ….cette fois la , mon père lui a dit de rester à table ….quand le grand père est revenu , tout le monde a fait  » semblant de rien  » … Mon père a dit quelques mots bas en Polonais au grand père qui ricanait … Mamie avait peur … Peur parce qu elle était régulièrement frappé par son mari en fait … Dans le silence , dans le secret … J ai compris tout ça plus tard .. J ai su que mon père avait été elevé brutalement aussi ….
      Voilà d ou je viens …a chiner tout le temps des pièces de linge anciennes , a fuir la vulgarité , à aimer les chats , à me méfier de certains hommes …autre détail : Les émigrés et les français qui se sont retrouvés sur les routes a cause de la guerre ( le nord n etait ni zone libre ni zone occupée : Ç etait zone interdite carrément ) ont un détail en commun : les valises .. Toujours prêtes et en mesure de …… Inconsciemment , je collectionne les vieilles valises en carton , certaines en cuir …. J en fais des chevets , des mini bar , des dodos pour mes chats …. Ça aussi ça me rappelle d ou je viens pour ce qui concerne mes grands parents … Mon enfance entre mes 2 parents a été pleine de livres , de musées , de culture et d art … Pleine de bohème aussi , post 68 qu ils étaient …. Mais ça Ç est une autre histoire 😉.
      Toujours si agréable de te lire … L occasion de revivre des choses que finalement on ne confierait pas a l entourage proche …. Des confessions somme toutes …. Bon w . End jolie madame 🌹💋

      • Dominique

        Merci Aurélia, la femme fine et qui écrit si joliment vient de là. Tu vois, on se sort aussi de son milieu d’origine, on s’en extirpe, il reste ces traces que tu évoques. Une forme de peur des hommes par exemple quand on a subi la violence, je connais ça; mon père était très colérique, des colères phénoménales et aujourd’hui devant la colère des hommes je suis paralysée, la violence. Il y a je crois, dans toutes les collections, quelque chose qui ramène à l’enfance, le besoin aussi de s’entourer de ces choses qu’on garde. Une collection c’est sans fin. Une manière donc de braver la finitude. Hier soir quand j’ai eu fini ce texte, j’étais soulagée de quelque chose, comme une réconciliation, une sorte d’écriture thérapeutique, mais dans le même temps je n’ai pu trouver le sommeil la nuit, j’avais brassé trop de choses, celles écrites et celles tues. Merci encore, et un beau we à toi

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