La paille, c’est l’été
Il me vient aujourd’hui l’envie de la paille : des cabas en paille, des chapeaux en paille, des bijoux en paille… pas de quoi en faire un foin vous me direz !
Les trucs en paille c’est l’été qui arrive
Le cabas en paille signe la décontraction car oui, on en a ras-le-bol des sacs qu’on trimballe dans le pli du coude, avec le bras replié, comme si on allait sauter un ruisseau ; le cabas en paille c’est faire tout le temps son marché et on entasse dedans à la va-vite nos emplettes du jour qui dépassent un peu. Le cabas c’est le marché de L’Isle sur la Sorgue, ou d’Uzès où on se bouscule avant dix heures, avant la grosse chaleur, dans le brouhaha des odeurs de thym, de lavande et d’huile d’olive, dans les couleurs des boutis, des tabliers suspendus sur des cintres sous les grands parasols et qui bougent doucement, dans les rigolades des marchands qui interpellent les clientes qui auront réussi à se frayer un chemin jusqu’à leur étal : « Peuchère, ma petiteee Dameee, qu’elle est jolie ! Té, j’ vous mets quoi aujourd’hui ? » …
Et le chapeau de paille, même pas le PANAMA, non le simple chapeau de paille, un peu effrangé, pas trop neuf, c’est l’assurance d’ un visage rieur dessous, avec des cheveux fous qui émergent et un joli teint hâlé. On l’aura posé vite fait sur sa tête en partant : hé, n’oublie pas ton chapeau, avec cette chaleur !…
Orné d’un ruban noir peut être, ou de gros grain, on le tiendra en cas de Mistral, d’une main, avec des bracelets qui tintent sur les poignets
Bien sûr que tout ça ce sont des images, la grande imagerie de l’été dans cette Provence que j’aime, mais c’est CETTE IMAGE qu’on veut pour nous.
La paille c’est l’odeur de la campagne et c’est comme une respiration supplémentaire : ça sent la chaleur, l’amour aussi dans de vieilles granges, dont on s’échappe, en riant, tout piquetés de rougeurs, avec l’impression d’avoir fait quelque chose de défendu. La paille incite à se cacher, dans ces granges de campagne ; quand on en sort, elle s’est glissée dans les cheveux en minuscules brins… On prend toujours un air un peu penauds de se faire découvrir par autrui ces brins coincés là, reliquats de cet après-midi délicieux, sous la chaleur d’août, où on se sera laissé aller. Et vous croyez qu’il faut avoir quinze ans pour ça, l’âge du « Blé en herbe »? Mais non, le plaisir est toujours le même.
La paille c’est les parasols de certaines plages et tout de suite on se sent l’âme Robinsonne. Les paillottes aussi, ces installations éphémères qui signent une ambiance où on va pieds-nus boire un verre, le dos rougi, un paréo autour de la taille ; où on s’accoude à un comptoir un peu collant, à l’ombre et c’est bon. On sirote une menthe à l’eau avec une… paille.
On est heureux, c’est ça.
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