L’audace de l’espace privé dans la peinture
Aujourd’hui j’avais besoin d’une pause dans ce festival bruyant, foisonnant de touristes, de spectateurs, de comédiens de rues, de » tracteurs « …
J’ai donc été voir l’exposition » Chefs d’oeuvre du Guggenheim » à Aix en Provence. Toujours un grand plaisir que ces expositions de qualité dans une mise en scène parfaite que nous donne à voir l’Hotel de Caumont.
Il s’agit de la collection Tannhauser habituellement montrée au Musée Guggenheim de New York : des toiles qui jamais n’ont été exposées en France .
Pour la première fois en effet près de 50 oeuvres majeures issues de cette collection ou liées à son histoire, sont présentées dans une exposition itinérante commencée au Guggenheim de Bilbao. De Manet à Picasso en passant par Degas, Gauguin, Cézanne, Van Gogh, Braque et Matisse, ces chefs-d’oeuvre retracent plus d’un demi-siècle d’activité en faveur de l’art moderne de la part de ces marchands d’art et collectionneurs parmi les plus influents et renommés d’Europe.
Détail touchant que de penser que » Bibémus » par exemple, peint par Cézanne, n’avait jamais » vu » cette Provence qu’il représente, et est ENFIN en sa terre natale …
Il est toujours difficile de passer d’une oeuvre à une autre et c’est pour cette raison que j’ai choisi de m’intéresser particulièrement à » Devant la glace » de Manet ( Berthe Morisot a peint aussi ce même sujet de la femme devant un miroir » Femme à sa toilette » ( propriété de l’Art Institute of Chicago ) et bien d’autres encore ) .
Ici on pense aussitôt à NANA de Zola, roman éponyme dont l’anti-héroïne est une prostituée, comme cette femme sur ce tableau et qui a été écrit à une année d’intervalle
Une main sur la hanche, l’autre dont on devine qu’elle défait le cordon du lacet de son corset avant de se donner à cet homme probablement présent derrière elle. Une histoire que ce tableau nous raconte : celle d’une femme en train de se dénuder dont on perçoit le grain de peau. Saisie dans ce moment du déshabillage, la nudité à venir est suggérée et l’ensemble terriblement érotique.
J’aime beaucoup les tableaux qui saisissent un moment, le volent en quelque sorte à la vie et son mouvement pour le figer dans la peinture.
A la différence de la photographie, il y a ici le temps du travail du peintre, temps dilaté qu’on ignore et qui va chercher l’instant. Temps que nous passons spectateurs à observer le tableau. Comme dans l’écriture où la succession des mots donne sens dans la durée de la phrase à ce que l’oeil, lui, embrasse dans l’immédiateté.
Très belle exposition .
Dominique Mallié
4 commentaires
David
Toujours belle et élégante en tant que femme et dans le propos … Merci !
Dominique
Merci à vous David pour ce petit mot gentil
Elisabeth
Coucou ! Tu es allée à Aix, profiter d’une très belle expo ! Ces tableaux, déjà magnifiques en reproduction, doivent être encore plus splendides en réalité. Les voir face à face, (ou face à dos dans le cas des peintures que tu as choisi de mettre en lumière) dans cette mutuelle relation visuelle, œuvre-spectateur-oeuvre, est fascinant. Bravo 👏🏻 et merci pour ce partage, Dominique !
Dominique
Merci Elisabeth, oui, hier j’ai fait une » excursion » hors Avignon. Superbe expo comme d’habitude en effet, c’est toujours plaisant d’imaginer l’histoire d’un tableau , à bientôt !