De moi à vous

Les affinités électives

Parenthèse sur ce blog plus occupé en futilités depuis quelque temps mais Dieu que ça fait du bien d’être léger(e) (de réfléchir aussi), parenthèse donc car j’écoutais il y a peu une vidéo de Charles Pépin où il évoque LA RENCONTRE. J’ai donc acheté le livre et évidemment l’ai lu.

Entendons nous : C. Pépin n’évoque pas seulement les rencontres amoureuses, mais aussi amicales, professionnelles et ce à quoi j’ajouterai même toutes les rencontres y compris celles qu’on peut faire avec un artiste, son œuvre , un animal… que sais-je ?

Qu’est-ce qu’une RENCONTRE, quelle que soit sa nature ?

Pépin imagine une rencontre amoureuse qui fonctionnerait ainsi : j’ai 400 critères ( sociaux, religieux, physiques, politiques etc) et j’entre ces 400 critères dans un ordinateur qui va me sortir LA personne qui correspond à mes 400 critères, l’unique. Le Graal en quelque sorte.

Je donne rendez-vous à cette personne et il se trouve que ça ne matche pas, il ne se passe rien.

Pourquoi ? Parce que, toujours d’après Pépin mais je partage complètement cette vision de la rencontre, cette rencontre ne va rien changer en moi.

En entrant mes 400 critères, je me suis privée de l’essentiel de la rencontre : l’effet de surprise et avec lui la possibilité de changer quelque chose chez moi

Car il ne peut y avoir de rencontres si celle-ci ne me bouscule pas, ne m’aide pas à aller vers quelque chose de moi que je ne connais pas, que je découvre au contact de cette personne.

Il ne peut y avoir de véritable rencontre si je suis dans l’attendu.

Donc la rencontre est aussi une rencontre avec soi. Un « soi » autre, que je ne connaissais pas et que je découvre au contact de la personne rencontrée.

Ainsi si on ne fait jamais ce chemin d’aller vers l’inconnu, le différent, ce qui va bouleverser des certitudes, des croyances, des habitudes, une façon d’être, d’interagir avec le monde et les autres, on passe non seulement à côté des autres mais à côté de soi.

Cette réflexion de Pépin, comme souvent la philosophie, aide à mieux comprendre nos relations aux autres, en sus de nos relations amoureuses, nos relations amicales. On s’aperçoit, vite et bien, que peu des gens qu’on côtoie sont de véritables rencontres aussi sont-elles destinées à passer. Celles qui restent sont celles qui vont me rendre et rendre l’autre un peu différent.

Eclairant non ? La rencontre pourrait ainsi s’appeler « La découverte » . Dans la rencontre de l’autre, il y a une découverte de soi, des autres, une confiance qui nécessite d’être en dehors de soi.

Voilà une belle définition de la confiance : une manière de se sentir chez soi en terre inconnue.

Toute rencontre réelle donne une impression de familiarité. Christophe dans « Les mots bleus » ne dit pas autre chose, c’est d’ailleurs là le sens de la littérature du coup de foudre.

Toi qui es si différent de moi, j’admets que tu me plais, je te « reconnais », merci d’exister et de me proposer une histoire.

Dominique Mallié

(Charles Pépin : La rencontre, une philosophie. Allary Editions)

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