Un peu de moi

l’été du monde et le mien

L’été était passé, les vacances. Ces deux mois, juillet et août toujours investis, sur-investis… Enfin les vacances ! La liberté des corps sur les plages, les marches en montagne, les réunions familiales, les couples qui s’échappent en amoureux, les stages de ci et de là. Une pause dans un quotidien routinier, fatigant.


Tout n’avait pas été rose pourtant. Capricieuse, la météo avait privé de soleil une partie de la France. Malgré les incantations des uns et des autres, la pluie sans relâche, noyant les terres, les transformant en bouillaque grisâtre, avait vidé le ciel. L’essorage ne semblait pouvoir s’arrêter. Les inondations, les crues avaient envahi le Nord du pays alors que certains étaient accablés d’une chaleur insupportable.

Le climat se déréglait, la terrible réalité du réchauffement climatique nous sautait au visage.


Tandis que les feux dévoraient les garrigues, anéantissant flore et faune, une partie des français défilait dans les rues, réclamant la liberté d’être, de vivre comme ils l’entendaient, refusant un vaccin et un pass vêcus comme une atteinte profonde à la personne, réclamant le droit de disposer de leur vie et de leur santé comme ils l’entendaient.


Sur les réseaux sociaux, chacun dans ses vacances, les discussions allaient bon train, les disputes, les injures sur cette tribune faite pourtant le plus souvent d’amis connus, se multipliaient. Des mots jetés là essentiellement de soi à soi. Des scissions s’ensuivaient y compris au sein des familles.


Pendant ce temps l’Afghanistan devenait une dictature et les femmes étaient sommées de se dissimuler dans la burka, et de rester à la maison , une vie réduite au minimum, la peur partout. Toujours les plus faibles : les femmes et les enfants d’abord mais pas pour une bonne cause. Histoire de bien rappeler que la parité, l’égalité est un vain mot ramenée à l’échelle du monde.


L’été avait un drôle de goût. C’était l’été 2021 pour l’actualité, la France, le monde. Pour beaucoup.


L’été est passé pour moi. Les vacances faisant suite à un long congé maladie. Le bonheur de marcher sans avoir mal. Juste mettre un pied devant l’autre et se régaler de ça.


Sillonner la France en juillet, créant une sorte de rectangle personnel au sein de l’Hexagone, dans mes errances soigneusement préparées. Se baigner dans l’Océan et la Méditerranée, prendre tous les modes de transport possibles, voir toute ma famille, mes enfants, ma petite fille, mes parents, mes amis, passer du temps avec eux, gagner une année dans l’affaire, anniversaire très tendrement fêté.


Se débarrasser le plus souvent possible du masque en dehors des lieux obligés, faire des lectures réjouissantes, écrire, faire des projets, petits et plus grands, avoir des objectifs de vie, se sentir bien dans son corps et son âge, préparer la rentrée des classes, se faire un plaisir à l’avance des cours à venir, de ces dernières années d’enseignement, ne pas s’appesantir sur ses problèmes, savoir que le temps dénoue bien des choses,éclater de rire pour des riens, apprendre sur moi au contact des autres, se moquer de mes colères encore fréquentes et souvent inutiles, faire le tri parmi les amis entre les vrais et les faux et ne pas être nostalgique, redécorer mon appartement, le vider du superflu, rester dans le nécessaire, sentir que je suis aimée pour qui je suis et pas une image.


Profiter.


Alors oui, il y a eu l’été de toutes les peurs et il y a eu le mien : libre et serein parce que je refuse de toutes mes forces de me laisser envahir par quoi et qui que ce soit.

Dominique Mallié

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