
Noëlophobe ?
Je republie un article – de circonstance – qui était paru dans Les Boomeuses et m’avait valu une interview de France 2 🙂
Les vitrines se sont remplies de robes à paillettes, de petits hauts argentés ou dorés. Il y a des boules partout, de faux paquets cadeaux dans les vitrines, des papiers cadeaux tous plus clinquants les uns que les autres et …. des sapins, rebaptisés “DE NOËL”, chaque année, arrachés à leur terre, tronçonnés à la va vite, alignés par tailles sur les places, grillagés de ficelle, serrés les uns contre les autres, traumatisés, bref…
Il faut parler du traumatisme du sapin qui se retrouve dans des foyers surchauffés, piqueté de décorations rouges et or, surmonté d’une hypothétique flèche qui branlera pendant des jours au passage des enfants surexcités.
Et le Père Noël… emblématique image lancée par la boisson la plus bue au monde, le père Noël auquel on nous a demandé de croire, enfants, jusqu’à nous dire, un moche jour, que ce n’était pas vrai, que tout ça c’était des mensonges et que les cadeaux c’était les parents, comme d’hab. Mais on poursuivra la duperie, tradition en tête, idée de ne pas faire des enfants différents de leurs camarades et on leur fera écrire des lettres au devenir incertain…
ET LES REPAS DE NOËL ?
Le casse-tête annuel, dinde ou pas, marrons ou pas, gratin dauphinois, bûche, de quoi s’empiffrer pendant des heures avec dans l’oeil les résultats de la prochaine prise de sang où le taux de cholestérol aura explosé, en plus des kilos qui s’affichent sur la balance …. les réunions de famille où on cherche quoi se raconter. Les familles recomposées réunies pour l’occasion, les tensions perceptibles, les semblants, les cadeaux décevants qu’on mettra sur le Boncoin le lendemain.
Et je passe les marchés de Noël ou sous prétexte de laïcité ambiante on nous a sucré les santons, les crèches, où s’alignent les pains d’épice, les monceaux de foie gras, les champagnes millésimés ou pas, le vin chaud à avoir des brûlures d’estomac pendant des heures et tous ces bidules made in Taïwan.
Vous l’aurez compris, je suis Noëlophobe…. MAIS capable de voir tout de même que pour certains c’est juste bien : une jolie fête de famille où chacun fait des efforts pour que tout se passe bien, ne dit-on pas la trève de Noël ? Des enfants avec des étoiles dans les yeux qui attendent le père Noël comme le Messie, à qui on raconte tout un tas d’histoires toutes plus saugrenues les unes que les autres, et c’est beau de voir tout cet imaginaire qui n’est blasé de rien, une fête religieuse et il faut savoir s’en souvenir, le plaisir de faire des cadeaux plus encore que celui d’en recevoir, de chercher ce qui va faire plaisir, et cette attention aux autres, même figée dans le calendrier, même forcée, elle est là. Pour ça, c’est quand même une période particulière cette fête de Noël, qu’on adhère ou non au final.


5 commentaires
rencontres240
Bonjour,
Je comprends votre désarroi vis-à-vis de Noël. En lisant cet article, j’ai compris pourquoi vous êtes Noëlophobe.
Néanmoins, je reste toujours fidèle aux traditions, car rien ne vaut le plaisir de voir ses enfants en extase devant les décorations et leurs cadeaux.
Sapiens
Nos contradictions intimes s’expriment en toutes occasions. Nous sommes des humains après tout !
Vous soulignez Noel qui exacerbe ces contradictions. C’est un moment joyeux de retrouvailles des familles éloignées ou un triste moment de solitude. On peut détester les décors de la fête religieuse et adorer les symboles païens: crèche contre sapin. On peut aimer les cadeaux et regretter ce grand gâchis de la consommation. On peut aimer dîner dans un étoilé et aussi « se faire un burger frites ».
Je pars du principe qu’un sentiment humain n’exclue pas d’emblée son contraire, mais s’enrichit de lui et l’enrichit. Et là, ma paix intérieure va beaucoup mieux. Et vous qu’en pensez vous?
Dominique
Ce que j’en pense Sapiens ? je pense que vous êtes lumineux, que je vous lis et que je souris, je pense qu’à certains la sagesse est donnée, que ça fait du bien de lire » un sentiment humain n’exclue pas d’emblée son contraire mais s’enrichit de lui et l’enrichit « , je pense que vous êtes quelqu’un de rare, et je vous lis et ma paix intérieure va aussi beaucoup mieux . Vous êtes mon premier cadeau de Noël. On ne devrait offrir que des pensées qui font avancer…..
Sapiens
Merci pour ces gentils mots qui malmènent néanmoins ma paix intérieure et rosissent mes joues. Je cherche vainement le sentiment contraire qui pourrait enrichir ce doux plaisir dû à votre compliment. Pas certain de vouloir le trouver dans ce cas précis.
J’en resterai là et prendrai ce compliment comme mon propre cadeau de Noel.
Merci chère blogueuse pour vos écrits stimulants qui nous donnent l’opportunité de réfléchir et de partager quelques pensées.
Dominique
🙂 Merci !