Pour une conciliation des éléments
Lee Ufan est un artiste Japonais exposé à Arles, dans la fondation éponyme, 5 rue Vernon.
Arles que je redécouvre peu à peu, qui ne cesse de s’enrichir à tous les points de vue, sortant de son statut de petite ville de Province et de sa coloration typiquement provençale
Ainsi j’ai eu l’occasion, il y a peu de visiter la fondation Lee Ufan, dans l’hôtel Vernon, bâtiment récemment rénové (2022) mais respecté dans son architecture autant que faire se pouvait : plafond et sol d’origine, dates encore présentes sur les poutres de la toiture. (La poutre maitresse a été posée en 1708, sept ans avant la mort de LOUIS XIV).
Une niche abrite la tête sculptée d’Antonin le Pieux, retrouvée par hasard pendant les travaux.
Une sorte d’esprit protecteur de ce lieu.
« Une grande pierre est là, dans le jardin
Autrefois un fragment du ciel chuta sur la terre
Et se solidifia peu à peu de l’intérieur, semble-t’il
Parfois le vent la caresse
Parfois les oiseaux chantent autour …. «
Ces mots sont de Lee Ufan
Maître de ces mises en scène où se jouent l’impermanence et la permanence.
Lee UFAN travaille sur tous les contrastes : la pierre et le métal, le coton et l’acier, le verre et la pierre, l’eau et l’acier, la lumière et l’obscurité… La rencontre entre pierre et peinture, toile et coton est autant sculpture que peinture.
Il est le théoricien du Mono-Ha, école des choses, mouvement artistique des années 1970 au Japon, proche de l’Arte povera, du minimalisme qui cherche à mettre en scène des objets du quotidien dans une mise en rapport.
Ainsi ces rochers posés çà et là qui « possèdent un temps aussi long que celui de la terre »
Mais voilà où je veux en venir :
En entrant on se retrouve littéralement happé dans un labyrinthe, une spirale, qui en son cœur s’achève par un trou, non pas noir et inquiétant, mais un ciel d’azur traversé de nuages en mouvement.
Vertige…
Le ciel semble être tombé sous la terre et désorienté, le visiteur se trouve sens dessus dessous.
L’œuvre est de TADAO ANDO, figure majeure de l’architecture contemporaine. C’est lui, ami de Lee Ufan qui a supervisé les travaux de réhabilitation de l’hôtel Vernon.
Dans notre société qui souffre d’une « fracture totale avec la nature », il faut voir dans les œuvres de ces artistes une tentative de réconciliation.