De moi à vous

Se voir comme on EST ? C’est possible ?

Le philosophe Gaston Bachelard et d’autres encore ont démontré par A + B que nos sens nous trompent … Pour autant avaient-ils en tête, ces philosophes, l’image d’une femme essayant des sous-vêtements et prenant deux ou trois tailles au dessus ? Non, je ne pense pas car en fait les philosophes de tout poil semblent ne pas avoir en tête des images liées à une intimité quelconque, ni même des images simplement personnelles, ni même peut être avoir une vie de couple sur laquelle ils se seraient exprimés, ni même… mais bon, ce n’est pas le sujet ; je digresse, comme d’habitude. (J’exclue les philosophes qui ont fait de leurs expériences de vie les fondements de leur pensée : Montaigne, Rousseau …)


Ce dont je voudrais parler aujourd’hui, c’est de l’image qu’on a de soi et comme cette image peut bouger, en quelque sorte, en fonction des  « miroirs » qu’on a en face de soi. Je ne parle pas du miroir grossissant vendu à Monoprix, non, ça c’est juste l’horreur !


Je voudrais parler des autres, les personnes, qui agissent comme des réflecteurs sur l’image qu’on a de soi, des révélateurs, des menteurs aussi, des trompeurs au moins, des flatteurs parfois … bref, tous termes en  » eur » qui riment curieusement avec  » ERREUR « , des « rétroviseurs » aussi mais c’est une autre histoire.


Les autres me voient telle que je me donne à voir, mais comme moi même j’ai une image assez floue de moi (et je ne parle pas de la presbytie qui fait toujours rigoler surtout quand elle devient un adjectif), les autres peuvent ils me voir MIEUX, si je peux dire ?
On connait toutes, ainsi, une amie, un amoureux, qui un jour nous a dit :  » Je te connais mieux que toi » …. Allons bon, voilà autre chose … ou plus fréquemment,  une vendeuse dans un magasin qui à bout d’arguments nous apporte un truc improbable, en nous disant  » Voilà, ça , c’est votre style » … Et on l’essaye, car on est bonnes (clientes) et là on voit bien que ça donne un style qui pourrait être le nôtre en effet, mais qui ne l’est pas aujourd’hui…

Même chose chez le coiffeur, voilà une nouvelle coupe qui vous va comme un gant, dit le coiffeur, pour se dédouaner d’un coup de ciseaux de trop

et bien on se dit qu’il va falloir s’habituer à sa nouvelle tête (et déjà la possibilité de penser à une « nouvelle tête » me fait dire que nous pataugeons dans l’illusion)  et que ça va prendre du temps peut être. Or le temps, on sait ce que j’en pense … Et on paye quand même parce qu’on est bonnes (clientes).


On connait toutes aussi ces couples qui restent vingt, trente ans ensemble et un jour hop, un des deux se « fait la malle » et celui qui reste sur le carreau de se lamenter :  » je ne la connaissais pas comme ça, elle est devenue une autre …  » .
TOUT ça pour dire quoi, au fond ? Tout ça pour dire qu’on ne se voit pas comme on est, mais comme on a envie de se voir, que les autres nous voient également telle qu’ils ont envie qu’on soit, que tout ça c’est de l’image, de la façade, des projections personnelles et qu’au fond on reste une belle énigme, y compris pour soi. Ne se trouve-t’on pas parfois dans des situations où on se dit : « Jamais je n’aurais pensé cela de moi ?  »

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