Sorolla, le mouvement, la lumière, la mer et la joie…
Joaquin Sorolla, peintre espagnol du début du XXème siècle, à l’Hotel de Caumont à Aix, voilà une expo qui ne nous laisse pas de marbre.
On vient y chercher l’apaisement, la gaieté, le mouvement et la couleur, les couleurs.
Le mouvement du vent qui fait voler les jupes au bord de la mer, gonfle un rideau blanc et oblige les élégantes à retenir leur capeline, le mouvement des enfants qui barbotent, courent, nagent.
Comme son maître Velasquez il parvient à saisir la fugacité du moment.
Les blancs éblouissants dominent mais aussi le jaune, le doré, le bleu, le violet, les verts crus où luisent des oranges qui jaillissent comme des éclaboussures.
Sorolla c’est la Méditerranée avec tous ses contrastes.
Toujours il préfère la lumière diurne.
Lorsqu’ il intègre une ou plusieurs figures dans l’espace représenté, le paysage reste pourtant un élément clé du tableau. De sa première Marine (1880) construite de façon assez conventionnelle, jusqu’à l’éclatement touffu des fleurs de son jardin madrilène peint en 1917, Sorolla privilégie l’espace au grand air , la mer, les plages de sable ocre qui deviennent autant les protagonistes de ses toiles que les adolescents qui se baignent, les enfants nus, les belles qui se baladent le long des plages.
Le bleu de la mer, le large espace doré de la plage, permettent aux jeunes femmes d’y inscrire le mouvement de leur marche légère. Les traits des visages sont flous, voire dissimulés ou rapidement traités au point de sembler inachevés. Reflet capricieux de la robe blanche d’une adolescente qui sur le sable mouillé devient jaune clair, de la lumière qui joue sur ses jambes nues, du bleu délicat de la mer ou de l’écume blanche.
Valéry Larbaud dans, Jaune bleu blanc évoque :
» La grandeur du paysage, doré et ombreux, paisible et bleu ; brunes métairies dans la fraîcheur des arbres, chemins blancs, champs d’un rouge foncé ; terres sèches et collines généreusement plantées d’amandiers et d’oliviers ».
Il y a de ça chez Sorolla.
Et partout le blanc : blanc des robes féminines, des poissonnières de Valence, robustes et saines comme des Renoir, qui revêtent les mêmes couleurs claires que les riches estivantes. Ailleurs, une mère et son nourrisson sont immergés dans une mousse de draps blancs.
Un critique en 1910 dit du peintre : » Son oeuvre dégage une sensation d’énergie et de grandeur, de santé et d’équilibre par les thèmes et les moyens expressifs de son art »
Ce qui fait la qualité d’un peintre est le jaillissement de ses toiles dans la mémoire, bien après qu’on ait quitté l’exposition.
Le regard coloré et lumineux de Sorolla sur la vie reste en nous et c’est un vrai grand plaisir
Dominique Mallié
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