Un peu de moi

Tu m’as donné de la boue et j’en ai fait de l’or

Ce vers est de Baudelaire. Je ne sais pas pourquoi parfois on est si touché par un mot, une phrase, une photo, un tableau, un vers.
Cela fait deux mois que je travaille avec mes élèves de Première sur Baudelaire, sur ce parcours qui nous est imposé.
Et pour une fois, ce qui m’est imposé, trottine en moi jours et presque nuits, m’envahit et plus je creuse ce sillon de la boue, plus l’or me remplit.
Combien de fois a-t’on reçu de la boue ? Au sens métaphorique du mot et l’avons nous transformée en or ?
Combien de fois ces magmas de souffrances ? Ces choses si laides de la vie, les avons nous transformées en du beau, de l’esthétique pour peu que nous ayons un petit talent artistique ? Ou avons-nous observé comment d’autres y parvenaient et tiré de ces regards posés çà et là une joie intense ?
Car n’est-ce pas là une des fonctions de l’art que de sublimer le réel?
Voilà c’était ça ma pensée du jour. Et c’est là une des raisons pour lesquelles je suis tant passionnée par l’art.

Et pour commander mon livre Voyage en Ménopausamie, chroniques de la cinquantaine débridée, c’est par là : Mallie.dominique@orange.fr ou via le blog dans la partie  » message personnel  » qui vous est dédiée. Merci !

8 commentaires

  • simon

    Vous êtes vraiment une belle personne, Dominique et votre blog un régal … Simon ( de Tours ), beau long we à vous !

  • jean

    Un peu de poésie dans ce monde de brutes, un peu d’or qui émerge de la boue, une pépite qui nait de rien, un sourire qui transperce la grisaille du jour, une robe rouge dans un train rempli de vêtements noirs, une louve qui fait naitre la vie dans la sauvagerie du monde, un tableau qui d’un coup émerveille et distrait de la morosité ambiante, un mot qui traverse, un rêve dont le souvenir reste alors que tant d’autres sont oubliés, un marin qui surgit de la mer, un homme qui vient à vous dans les rues de Rome, une nuit de sommeil dans un océan d’insomnies, un vêtement qui, décroché de son portant, vous sied à ravir… partout Dominique, vous arrivez à trouver et à faire vivre ce qui est de l’ordre de l’étonnement. C’est une grande force et je vous remercie, au nom de tous vos lecteurs, y compris ceux qui jamais n’interviennent, y compris et surtout d’ailleurs, de nous faire partager ces surgissements….

    • Dominique

      Merci Jean, je suis touchée par ce commentaire que vous postez vers moi, et de voir à quel point en effet vous voyez juste dans tout ce que j’écris. Merci …

  • Sapiens

    Et bien c’est un sujet passionnant. Un de plus.
    La transformation d’un matière inférieure (un moi) en matière noble (un autre moi) est le sujet principal des rites d’initiations, qu’ils soient religieux, maçonniques ou alchimistes. Comment devenir meilleur, comment découvrir le bon chemin qui me mènera à la sagesse.
    Baudelaire parle de transformer la boue et or, les alchimistes le plomb en or, les maçons parlent de pierre brut qu’il faut tailler, les religieux ….. bon, les rites religieux, je les laisse de coté, parce qu’au lieu de mener à l’amélioration de soi, il peuvent mener à la soumission.

    Dans la mesure du possible, face à une difficulté, une peine, une perte je cherche l’opportunité qui me permettrait de surpasser la douleur. Et bien, je trouve souvent.

    Platon n’a-t-il point dit « si tu cherches tu trouveras? »

    • Dominique

      oui, d’ailleurs Baudelaire se qualifie d’alchimiste. Pour lui, il s’agit de transformer la laideur en matière poétique, donc de la transcender par l’art, mais je trouve tout à fait intéressant votre propos et ces comparaisons avec différents domaines; Si on ramène ça à la matière humaine, le laid chez l’autre , ça me fait penser à Sophie Calle qui avait reçu un mail de rupture et, sur les conseils de sa mère  » tu as là matière à construire un projet artistique  » avait réalisé le  » Prenez soin de vous  » qui à l’époque, il y a une dizaine d’années avait été sélectionné pour la Biennale de Venise pour représenter la France. Transmuer en fait. Je le pratique souvent par l’écriture, pas celle que je donne à lire évidemment, celle que je conserve pour moi. Merci Sapiens pour votre commentaire éclairé !

    • Dominique

      Sapiens, je finis de vous répondre, quant à Platon. Je pense que cette citation vaut pour la maïeutique. Le questionnement poussé au plus loin qui va éclairer la pensée, toujours dans la discussion, faire accoucher l’esprit en face ( même un face à face factice, de soi à soi j’entends ) , mettre le doigt sur les incohérences, acculer dans le raisonnement, faire jaillir le bon sens. Aujourd’hui, on trouve ce procédé dans certaines voies thérapeutiques, psychologiques, c’est un peu le travail du thérapeute que de pousser le patient à raisonner autrement sur ce qu’il vit, mettre à jour un cheminement de vie ou de pensée, chercher pour trouver. C’est intéressant en effet .

      • Sapiens

        Bel honneur que vous me faites en répondant si longuement.
        Comme je suis à l’age de la transmission, je pratique un peu de maïeutique bénévole dans « une mission locale » avec des jeunes de 20 à 25 ans qui viennent recevoir quelques conseils sur leur projet, ou l’absence de projet de vie.

        C’est exactement ça: écouter longuement, puis poser des questions qui aident à réfléchir sur le sens de leur vie et la direction qu’ils peuvent lui donner.
        Rien de plus: pas de sermon, pas de morale, juste des questions. C’est exaltant, rafraîchissant de voir les interrogations apparaître chez ces adultes en devenir.

        Merci chère blogueuse philosophe de stimuler nos neurones.

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