De moi à vous

Un jour, un tableau : Minnay et autres animaux peints par Manet

Ce portrait de chien peint par Manet qui, sans être un peintre animalier, a fait figurer dans ses toiles des animaux : un perroquet, un chat… comme autant de sujets de diversion pour le spectateur dont le regard s’égare alors du motif central.

Ce petit chien que j’ai choisi comme image mise en avant, à la trombine résolument impressionniste est apparu il y a quelques années sur le marché de l’art. En vente aux enchères Drouot, il a été acheté par un particulier.

Quelle est son histoire ?

Il ne s’agit pas de n’importe quel chien ! Le modèle est dûment renseigné. Manet a peint – ou plutôt brossé – le Portrait de Minnay vers 1879, pour l’offrir à sa maîtresse, qui n’était autre que la fille de M. Gauthier-Lathuille, propriétaire du non moins célèbre cabaret des Batignolles.

Il est alors l’un de ces nouveaux lieux de sociabilité dans lesquels les artistes aiment à se retrouver et discuter de ce monde en pleine mutation. Il semblerait que le cabaretier se soit lié d’amitié avec le peintre, puisque ce dernier lui a offert différentes œuvres, dont le portrait de Marguerite, sa fille, appelé aussi La jeune fille en blanc, conservé au musée des beaux-arts de Lyon.

Marguerite ou la jeune fille en blanc

On connait de Manet son attachement pour les chats. Ils sont un motif familier d’amusement et d’affection, presque toujours la marque d’une amitié littéraire. On retrouve par exemple un chat noir s’étirant aux pieds d’Olympia, un autre tigré jouant avec des oranges aux côtés de la Jeune femme couchée en costume espagnol. Par ailleurs, La Femme au perroquet accueille le volatile perché près d’elle, le chien du modèle boit à l’arrière du Portrait de Marcellin Desboutin, alors qu’un chiot se blottit dans les bras de Victorine Meurent, son modèle préféré des années 1860, dans Le Chemin de fer

Olympia
La femme au perroquet ( Courbet peindra aussi une femme au perroquet mais nue)
La jeune femme couchée en costume espagnol
Le chemin de fer

Ce sont autant de synonymes de vie, de prétextes à des études de mouvements et d’invitations à promener son regard dans le tableau en dehors du sujet principal. Ils sont souvent des clins d’œil d’amitiés mais aussi des échos aux maîtres admirés des siècles passés.

Au cours de la période 1875-1883, on ne compte pas moins de huit portraits canins. Tous rapidement esquissés, comme il lui était coutume de le faire, et parfois nommés «Bob», «Tama» – un épagneul japonais que des amis avaient ramené de leur périple au pays du Soleil-Levant –, ils montrent la patte du maître de l’impressionnisme.

Avec Minnay, quelques coups de pinceaux, jouant des blancs et des noirs savamment ébouriffés, esquissent une lumineuse et sympathique frimousse poilue. Dans cet exercice, encore plus que dans les œuvres abouties, Manet s’autorise une grande liberté de touche et…

… cela lui va bien !

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