Votre été et le mien
Il y a ceux qui se disputent en remplissant le coffre de la voiture, ceux qui profitent du bureau enfin vide, ceux qui font des siestes à rallonge et ceux qui pestent contre les moustiques, il y a ceux qui mangent des sandwichs sur les aires d’autoroutes et ceux qui mettent des nappes blanches, ceux qui prennent les nationales et ceux qui attendent leur vol à l’aéroport, ceux qui vont loin, très loin et ceux qui se retrouvent à deux heures de route dans la maison de famille, il y a ceux qui gardent les chats et les chiens des voisins, il y a ceux qui écrivent des cartes postales et ceux qui coupent leur téléphone, ceux qui cornent les pages du Routard et ceux qui aiment l’aventure, ceux qui prennent le train pour la colo avec une étiquette autour du cou, ceux dont les tables ne comptent plus les invités, ceux que ça angoisse de partir, ceux que ça angoisse de rentrer, ceux qui économisent le parking et ceux qui claquent le salaire de l’année, ceux qui mettent des protections 50 et ceux qui s’enduisent de monoï, il y a ceux qui trouvent snob de ne pas partir, il y a ceux qui entrent l’appli de bison futé sur le téléphone et ceux qui sont quand même coincés dans les bouchons, ceux qui aiment la mer et ceux qui partent à la montagne, ceux qui n’emportent qu’ un maillot de bain et un short et ceux qui ont une valise pleine au cas où, il y a ceux qui cuisinent et ceux qui en profitent pour faire un régime, ceux qui vont enfin faire du sport, ceux qui aiment les clubs et les nouvelles rencontres et ceux qui s’isolent, ceux qui en profitent pour séduire à tout va, ceux qui se montrent sur les plages, ceux qui se cachent dans les dunes…
Et puis il y a ceux que tout le monde ignore, ceux qui ne savent même plus que c’est les vacances, qui n’ont plus cette conscience du temps, des jours et des mois, il y a ceux qui, alités dans des chambres d’hôpital regardent le ciel bleu par la fenêtre ou ne regardent plus rien, ceux à qui les vacances rappellent les souvenirs en famille, qui sont dans ce regret là, ceux qui comptent pour acheter de quoi bouffer, ceux qui font la queue le soir devant les camions de la Croix Rouge, ceux qui vivent dans un autre hémisphère et pour qui c’est la rentrée, ceux qui ont hâte que ce temps vacant passe, les hyperactifs, les accros du boulot
Et puis pour moi, il y a toi dans cet été, ton beau sourire qui te fait deux fossettes, tes petites rides autour des yeux, ta longue silhouette et tes cheveux gris d’adolescent. Il y a toi et tes rêves, les mots que tu dis et ceux que tu tais, ton histoire de vie qui t’a constitué, ta bienveillance et ton regard clair.
C’est prés de toi que je poserai mes valises cet été, pas bien loin en fait, pour te regarder et t’entendre dire les mots de l’amour, les murmurer à ton oreille en retour.
A chacun son été, un été qui nous ressemble ou nous rassemble loin des tumultes d’un monde qui s’égare.